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Ce projet de doctorat a pour objectif de saisir comment la Renaissance, période de synthèse et de reconfiguration des savoirs, a posé les bases et élaboré certains des modèles épistémologiques pour une enquête sur les origines de la vie et des planètes. Il s’organise autour de l’expérience graphique au sens large, liée à l’avènement de la culture imprimée, qui englobe la création d’images (dessins, gravures, cartes) et les modes d’écriture pour organiser et transmettre les connaissances. Le projet se concentre sur l’imaginaire lapidaire, où les pierres, au XVe et XVIe siècles, se voient investies de significations cosmogoniques et biogénétiques, participant à une lecture approfondie du “Livre de la nature.”
Au cœur de cette enquête, une pierre singulière : la météorite d’Ensisheim, tombée en 1492 en Alsace, alors partie du Saint-Empire romain germanique. Première chute observée en Europe, elle est l’une des mieux documentées, tant textuellement (tracts, lettres diplomatiques) que visuellement (gravures, enluminures, peintures). Bien que sa nature extraterrestre demeure incomprise à l’époque, elle témoigne de la compréhension profondément interdisciplinaire d’un phénomène céleste qui a fasciné princes, théologiens, humanistes, éditeurs et artistes. Cette météorite est à la croisée de discours originaires sur les pierres et le vivant, où se conjuguent théologie, philosophie et histoire naturelle, pensée magique et alchimique, discours empirique et scientifique, dont les œuvres d’art et les images deviennent les réceptacles privilégiés.
Quatre axes de travail, dont la particularité est d’être chacun fondés sur une « facette » de la météorite d'Ensisheim, permettront de répondre de manière croisée aux grandes questions de départ : 1. Des pierres tombées du ciel ; 2. Collecter et collectionner le vivant ; 3. Genèses minérales ; 4. Une histoire graphique de la Terre.
En abordant des aspects survolés par l’histoire des sciences et négligés par l’histoire de l’art, la thèse de doctorat vise à enrichir l’historiographie de la Renaissance.
Sur le plan théorique, elle devra apporter des éclairages nouveaux sur les processus de création et de visualisation des savoirs scientifiques. Sur le plan pratique, elle entend fournir des outils analytiques permettant de mieux comprendre comment les représentations graphiques se trouvent au cœur de ces processus.
Contexte de travail
Le contrat de thèse s’inscrit à la fois dans le cadre du projet de recherche en histoire de l’art “Spectacles célestes. Images, savoirs et croyances sur le cosmos à la première modernité” (50% du financement), rattaché à la Chaire de Professeur Junior du CNRS ARVIGRAPH, dirigée par Florian Métral, historien de l’art (CNRS/Centre André-Chastel), et dans le cadre du projet de recherche interdisciplinaire “La graphie des origines. De la Météorite d’Ensisheim (1492) et de la vie des pierres à la Renaissance” (50% du financement), lauréat en 2025 du Programme d’accompagnement transverse du PEPR “Origins: des planètes à la vie.”
Ce dernier projet est également dirigé par Florian Métral (CNRS/Centre André-Chastel) en collaboration avec le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), Paris, en la personne de Matthieu Gounelle, Professeur au Muséum et responsable de la collection nationale de météorites.
La thèse sera donc à réaliser en co–direction entre ces deux institutions, à savoir le Centre André-Chastel (Ecole doctorale 124) et le Muséum national d’histoire naturelle (Ecole doctorale 227). Le ou la candidate sera encadré par Florian Métral, Professeur Junior (CNRS/Centre André-Chastel), co-dirigé par Matthieu Gounelle, Professeur (Muséum national d’histoire naturelle).
Le ou la candidate évoluera principalement au sein du Centre André-Chastel (Sorbonne Université-CNRS-MC). Il ou elle rejoindra la plus importante équipe française de recherche en histoire de l’art, composée d’une cinquantaine de membres titulaires et de plus d’une centaine de doctorantes et doctorants, offrant un cadre particulièrement dynamique. Hébergé dans la Galerie Colbert, le Centre André-Chastel permettra également au ou à la candidate retenu(e) de tisser des liens avec diverses institutions partenaires.
Il ou elle évoluera également au sein de l’Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie (IMPMC) et des collections de géologie du Muséum National d’Histoire Naturelle.
Activités :
● Mener des recherches dans des archives, bibliothèques et collections muséales
● Travaux de traduction et d’édition
● Préparer et soumettre au moins un article de recherche à une revue à comité de lecture et présenter ses travaux dans au moins trois manifestations scientifiques.
● Contribuer aux recherches (iconographie, archives, bibliographie), initiatives et actions de valorisation (séminaires, colloques, cours, cycles de conférences) de la Chaire ARVIGRAPH et du projet GRAPHORIGINS
● Rédiger des billets pour le carnet de recherche “Cosmospectio,” qui documente les recherches menées dans le cadre de la Chaire ARVIGRAPH et le projet GRAPHORIGINS
Contraintes et risques
Le poste implique des recherches dans des archives, bibliothèques et collections muséales situées principalement en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie et en Suisse.